Contexte :
Dans la seconde moitié du XXème siècle, d’importants travaux hydrauliques ont été réalisés dans les vallées, modifiant profondément la répartition des eaux entre rivières, noues et marais. Entre Bondaroy et Estouy, les bras historiques de l’Œuf ont été déconnectés et leurs écoulements rassemblés en un large chenal central à la ligne d’eau figée par une série de trois seuils en « V ». Ces opérations ont profondément remis en question l’équilibre de la rivière, entrainant de nombreux impacts : envasement et homogénéisation du lit, asséchement des zones humides, blocage de la circulation des poissons… et ont conduit à une dégradation globale de la qualité des eaux, des milieux et des peuplements piscicoles.
L’Œuf dans le secteur du Moulin de la Porte s’écoulait dans un bief artificiel, creusé entre le bras usinier et le bras de décharge du moulin, et figé par un seuil en « V » situé à l’amont du tronçon. Le talweg était déconnecté des écoulements et a été progressivement remplacé par des étangs de loisirs. Ces travaux ont conduit à une banalisation des écoulements et à l’incision du lit mineur, le déconnectant de son lit majeur. Ce dernier, a fait l’objet de différents remblais et de mise en culture (peupleraies, maraichage).
Les travaux s’inscrivent dans la continuité des tronçons aval de Solvins et de Doureux restaurés en 2020 et 2021 et complètent les travaux de restauration de la zone humide du Moulin de la Porte réalisés depuis 2011.
Objectif des travaux :
- Rétablissement de la continuité écologique du lit mineur ;
- Amélioration la morphologie du lit mineur de l’Œuf ;
- Rétablissement de la continuité latérale du lit majeur ;
- Amélioration de la qualité des eaux superficielles.
Travaux réalisés :
Les travaux visaient à restaurer la continuité en arasant le seuil en « V », à réduire la largeur du lit et à remonter son fond pour maintenir l’alimentation en eau des zones humides amont et latérales. Des travaux de restauration sur les zones humides attenantes ont été réalisés en parallèle.
La continuité a été restaurée par l’arasement de l’ouvrage en V, ce qui a permis de rétablir complétement la circulation des poissons et le transport sédimentaire. En accompagnement de la suppression de l’ouvrage, des banquettes alluviales viennent resserrer le lit et maintenir la ligne d’eau amont. Ce reméandrage est réalisé dans l’emprise actuelle du lit. La largeur du lit mineur est réduite des deux tiers ce qui rétablit des écoulements plus dynamiques, favorables à la diversification des milieux. L’Œuf retrouve également un espace de mobilité au sein duquel il peut évoluer librement par le jeu de l’érosion et des dépôts.
En parallèle, d’importantes opérations de restauration de la végétation des zones humides ont été menées sur des parcelles acquises ces dernières années par le SMORE. Les travaux ont consisté à l’abattage des frênes atteints de chalarose et des essences exogènes (peupliers de culture, conifères, bambous…), et à l’étrépage des terrains. Les travaux ont été complétés par l’arasement des merlons de curage pour restaurer l’inondabilité des terrains. Les terrains en remblais et les accumulations végétales ont fait l’objet d’étrépages sur une épaisseur comprise entre 30 et 50 cm. Les matériaux extraits sont réutilisés pour la réalisation des banquettes sédimentaires pour le rétrécissement du lit de l’Œuf. Les coûts d’interventions sur les boisements ont pu être réduits par la valorisation des produits de coupe en bois énergie, plaquettes et buches. Un mandat de gestion a été signé avec un expert forestier pour la vente du bois.
Enfin, des clôtures à moutons ont été implantées sur les zones restaurées afin de permettre leur entretien futur par pâturage. Ces clôtures garantissent également la quiétude de la faune en empêchant l’accès du public vers les zones les plus sensibles.